Considérer le cycle menstruel comme un signe vital chez les filles et les adolescentes

Par Manon DAUVERGNE

 

Une opinion d’experts (A. Diaz et al., 2015) publié par le collège Américain de gynécologie et d’obstétrique suggérait d’inclure le statut menstruel des jeunes filles et adolescentes comme l’un des signes vitaux à investiguer lors d’un examen médical, au même titre que la fréquence cardiaque, la tension artérielle ou encore la température corporelle.

Les signes vitaux sont des éléments diagnostics utiles dans la détection de problèmes de santé potentiellement graves.

Les auteurs suggèrent qu’identifier les anomalies du cycle menstruel dès l’adolescence pourraient améliorer l’identification de problème de santé à l’âge adulte.

Il est alors nécessaire pour les cliniciens d’avoir les connaissances d’un profil menstruel « Normal » afin de détecter ce qui semble être « anormal ».

Toujours tiré de cet article, voici les données correspondant à un cycle menstruel « normal » chez les adolescentes.

Notons toutefois qu’une fois que la ménarche a eu lieu, les deux premiers cycles menstruels sont souvent plus longs, irréguliers et anovulatoires du fait de l’immaturité de l’axe hypothalamo-hypophysaire.

Trois ans après les premières règles, 70% des cycles menstruels des adolescentes ont une durée de 21-34 jours, comme la plupart des adultes.

Mais comment savoir quand évaluer ? On vous en a fait un résumé ici :

Qu’est-ce que l’on cherche ?

🩸🩸🩸 Un profil de saignement abondant peut-être dû à des troubles de la coagulation comme la maladie de Willebrand et à risque d’anémie en Fer

🚫🩸 Une absence de menstruation doit faire rechercher une grossesse, un syndrome des ovaires polykistiques (SOPK), une hyperplasie congénitale, une maladie thyrroïdienne, une atteinte au niveau de l’axe hypothalamo-hypophysaire (comme la triade de la femme athlète), une maladie sexuellement transmissible, des troubles alimentaires ou encore une tumeur proche des organes responsables de la reproduction.


  • Un cycle menstruel régulier est le reflet de la santé métabolique et de la disponibilité énergétique.

  • L’absence de cycle menstruel doit questionner sur la cause ; au long court, une aménorrhée impacte malheureusement la santé osseuse et augmente le risque de fracture de fatigue, mais également de troubles métaboliques sévères.

  • Les saignements irréguliers et hémorragiques doivent également faire l’objet d’une réorientation pour identifier précocement la cause et la traiter.

 👆 En tant que kinésithérapeute, nous recevons régulièrement des patientes lors de leur période pubertaire, que ce soit au sein des structures sportives ou dans notre cabinet pour des troubles musculo-squelettiques. Ajouter ces questions à nos bilans kinésithérapies peuvent aider à la détection de ces troubles et à l’amélioration de la prise en charge globale de ces patientes. Interroger sur la santé menstruelle doit devenir un réflexe à intégrer dans vos prises en charge !

❗️ En bref, les troubles du cycle ne sont pas à minimiser et doivent être réorientés vers un gynécologue !

 

⚠️ NB : la prise d’un contraceptif hormonal est un cas particulier d’aménorrhée, qui doit faire l’objet d’un choix informé de la part de vos patientes. Si c’est vous avez des questionnements, n’hésitez pas à un parler à votre gynécologue

 

Référence : Menstruation in girls and adolescents : using the menstrual cycle as a vital sign (Diaz et al., 2015)

Rédigé par Manon DAUVERGNE, Kinésithérapeute, Msc. STAPS, PhD student

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