Quels sont les sports qui causent le plus de lombalgies ? Découvrez le Classement !
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Introduction
La lombalgie est l'un des problèmes de santé les plus courants chez les sportifs, impactant à la fois les amateurs et les athlètes élite. De nombreuses études scientifiques ont cherché à quantifier la fréquence des douleurs lombaires en fonction du type de sport, de l’âge, du sexe et du niveau de compétition.
Cet article s’appuie sur des recherches publiées au cours des dix dernières années pour fournir une vue d’ensemble complète de la prévalence de la lombalgie chez les athlètes et des stratégies pour la prévenir et la gérer efficacement.
1. Prévalence générale de la lombalgie chez les sportifs
Les études montrent que les athlètes souffrent fréquemment de lombalgie, parfois plus que la population générale, mais cela dépend beaucoup des sports pratiqués.
Une revue systématique de Trompeter et al. (2017) a révélé que la prévalence à vie de la lombalgie chez les sportifs variait de 1 % à 94 %, selon le sport pratiqué, avec une prévalence instantanée oscillant entre 18 % et 65 % [1].
Une méta-analyse de Wilson et al. (2020) publiée dans le British Journal of Sports Medicine a établi une prévalence moyenne de la lombalgie chez les sportifs :
Prévalence instantanée : environ 42 %
Prévalence sur 12 mois : environ 51 %
Prévalence à vie : environ 63 % [2]
Ces résultats montrent que près d’un athlète sur deux souffre de lombalgie chaque année, tandis que plus de 60 % en auront souffert au cours de leur carrière.
On peut estimer que cela reste moins que la population générale où la prévalence sur la vie estimée est autour de 80%. Donc le sport même à haut niveau, reste protecteur pour les maux de dos.
2. Lombalgie et disciplines sportives : quels sports sont les plus touchés ?
La prévalence de la lombalgie varie fortement en fonction des caractéristiques biomécaniques de chaque sport.
✅ Sports avec une forte prévalence de lombalgie (70-90 %) :
Aviron (jusqu'à 90 % de prévalence) [1]
Ski de fond [1]
Gymnastique (50-86 % de prévalence) [4]
Équitation (92 % de prévalence à vie) [5]
✅ Sports avec une prévalence modérée (30-60 %) :
Course à pied [6]
Football [7]
Tennis [8]
Handball [8]
✅ Sports avec une prévalence plus faible (moins de 30 %) :
Basket-ball [9]
Natation [10]
Ces différences s’expliquent par les contraintes biomécaniques spécifiques à chaque discipline.
Par exemple, les rameurs et les cavaliers subissent des charges compressives répétées sur la colonne vertébrale, tandis que les nageurs bénéficient d’un environnement aquatique réduisant les forces d’impact.
Par conséquent, tant d'un point de vue de la prévention que du traitement, la gestion des contraintes mécaniques semble être un pilier essentiel dans la lombalgie comme dans les autres blessures musculo-squelettiques.
3. Impact de l’âge : Les jeunes athlètes aussi touchés ?
Contrairement aux idées reçues, les adolescents sportifs souffrent déjà de lombalgie à des taux élevés.
Une méta-analyse de Wall et al. (2022) a révélé que la prévalence annuelle de la lombalgie chez les jeunes athlètes est d’environ 42 %, avec une prévalence instantanée de 16 % [11].
✅ Tendances clés :
Plus l’athlète est âgé, plus la prévalence de la lombalgie augmente.
Les adolescents plus âgés (15-19 ans) sont plus touchés que les plus jeunes.
Une exposition prolongée à l’entraînement intensif est un facteur de risque majeur.
Les jeunes athlètes pratiquant des sports impliquant des torsions répétées ou des charges compressives élevées (gymnastique, aviron, équitation) sont particulièrement à risque. La prévention dès l’adolescence est donc essentielle pour limiter l’apparition de douleurs chroniques à l’âge adulte.
4. Différences entre hommes et femmes dans la prévalence de la lombalgie
Les études indiquent que les femmes athlètes sont légèrement plus sujettes à la lombalgie que les hommes, notamment à l’adolescence.
Une méta-analyse de Wall et al. (2022) a révélé que le sexe féminin était un facteur de risque significatif chez les jeunes athlètes [11].
Pourquoi les femmes sont-elles probablement plus touchées ?
Hypothèses anatomiques (angle pelvien, laxité ligamentaire) influençant la biomécanique de la colonne [11].
Hypothèse hormonale influençant la perception et la tolérance à la douleur.
Charge et volume d’entraînement élevés, notamment dans les sports comme la gymnastique et la danse.
Chez les adultes, ces différences tendent à s’atténuer, et d’autres facteurs comme le type de sport et la charge d’entraînement semblent jouer un rôle plus important [12].
5. Niveau de compétition : les athlètes professionnels sont-ils plus touchés ?
Une étude de Trompeter et al. (2018) a trouvé une prévalence à vie de 77 % chez les athlètes d’élite, contre 71 % chez les sportifs amateurs actifs [12].
✅ Pourquoi les athlètes d’élite sont-ils plus à risque ?
Entraînement intensif avec peu de récupération.
Exposition prolongée aux charges élevées sur la colonne vertébrale.
Compétition sous contrainte, augmentant le risque de blessures.
Cela suggère que l’activité physique intense en général est un facteur de risque de lombalgie, quel que soit le niveau de compétition.
6. Implications pratiques : Comment prévenir et gérer la lombalgie chez les sportifs ?
📌 Stratégies clés de prévention et de gestion :
✅ Renforcement musculaire : Travail ciblé sur les muscles du tronc pour créer des adaptations sur l’ensemble des structure de la colonne.
Bien entendu, le fait de faire du renforcement va renforcer l’ensemble des structures musculosquelettiques et va permettre d'augmenter la capacité à tolérer du stress mécanique chez les sportifs.
Des exercices comme le squat, le soulever de terre, le soulever de terre roumain, le good morning, le rowing bar, le rowing bûcheron, le banc à lombaire, vont être des exercices clés qui vont permettre de renforcer et d'augmenter la capacité et la résilience des lombaires.
Lorsque vous recevez des sportifs au cabinet, il faut cependant bien prendre en compte que parfois ils sont déjà surchargés d'un point de vue mécanique et il va être par conséquent très délicat de rajouter du renforcement.
Par ailleurs, pour être efficace, ce renforcement devrait se diriger vers des séries courtes et lourdes de façon à augmenter la force et la puissance au niveau lombaire.
Par conséquent vous serez parfois limité et aurez du mal à mettre plus de stress mécanique chez ces patients. Il faudra alors chercher des moyens de décharger plutôt que de chercher à augmenter encore plus les contraintes.
✅ Gestion de la charge d’entraînement et des contraintes mécaniques : Éviter les volumes excessifs ou croiser avec une autre activité pour moduler la charge sur les lombaires et s’assurer une récupération adéquate et d’une décharge appropriée.
Lorsque vous identifiez qu'un sportif souffre déjà d'un excès de contraintes mécaniques, il faut alors analyser sa périodisation (répartition de son entrainement) et sa planification (les objectifs qu’il ou elle a dans l’année) de façon à anticiper les périodes de surcharge mécanique.
Il faudra alors chercher à alléger, à remplacer l'activité contraignante par une activité dite croisée qui va permettre de travailler les qualités physiologiques de l'athlète tout en réduisant le stress mécanique sur la zone en souffrance.
Par exemple nous avons vu que l'aviron est l'un des sports les plus à risque à cause de ses mouvements répétés toujours dans la même direction et quasiment en fin d'amplitude de flexion lombaire.
Par conséquent il pourra être intéressant lors des phases de charges importantes ou de compétition de chercher à maximiser la décharge par exemple par des extensions de sommeil, par le fait d'équilibrer les contraintes sur la colonne en faisant des fausses pompes de type McKenzie régulièrement ou par le fait de croiser avec de la natation qui permettra quand même de travailler le cardio tout en ayant une décharge lombaire relative.
✅ Suivi individualisé : Adapter la préparation physique en fonction de l’historique médical et du sport pratiqué.
Le plus important à retenir pour les professionnels de santé à ce stade est qu'il est très important d'analyser comment la personne s'entraîne : sa fréquence d'entraînement, la composition des entraînements (Faible intensité, haute intensité, pliométrie), et quel est l'impact mécanique sur la colonne lombaire.
Lorsque ceci sera bien documenté, il sera aisé de trouver des solutions pour décharger la colonne ou au contraire augmenter les contraintes de façon à créer de l'adaptation.
Une autre chose importante à ne jamais omettre est la prise en charge globale de l'individu, notamment des facteurs psychosociaux très présents chez les athlètes.
Le sommeil, le stress, l'anxiété, la dépression sont autant de facteurs qui peuvent réduire la capacité et sensibiliser les athlètes à la douleur. Il est très important de les identifier et de les adresser de façon spécifique avec chaque individu.
7. Conclusion
En conclusion, nous avons vu que la lombalgie est très fréquente chez les sportifs, qu'ils soient amateurs ou professionnels.
Les sports les plus à risque sont l'aviron, le ski de fond, la gymnastique et l'équitation, sans doute à cause de leurs contraintes mécaniques répétées.
La lombalgie peut toucher les jeunes athlètes et qu'il est donc important de s'en préoccuper précocément et de ne pas dénigrer les plaintes des jeunes.
Nous avons vu également que les femmes sont potentiellement plus à risque et qu'il existe différentes hypothèses qui peuvent expliquer ce phénomène.
Nous avons vu également que les sportifs de haut niveau sont potentiellement plus touchés, sans doute parce que les charges d'entraînement sont beaucoup plus importantes que les sportifs amateurs.
Nous avons vu enfin trois stratégies de façon à prévenir et traiter les lombalgies du sportif : L'augmentation de la capacité par le renforcement, la gestion de la charge en fonction des contraintes subies par les athlètes, et la prise en charge globale avec une attention particulière sur les facteurs psychosociaux.
Article écrit par Flavio Bonnet, co-fondateur de l’Agence EBP
Références
Trompeter K, Fett D, Platen P. Prevalence of Back Pain in Sports: A Systematic Review of the Literature. Sports Medicine. 2017; 47(6):1183-1207.
Cette revue systématique analyse 86 études et met en évidence une prévalence très variable de la lombalgie en fonction des sports pratiqués.
Wilson F, Gissane C, McGregor A. Prevalence and risk factors for back pain in sports: a systematic review with meta-analysis. British Journal of Sports Medicine. 2020; 55(11):601–607.
Méta-analyse recensant les taux moyens de lombalgie chez les sportifs, avec des données globales et des sous-groupes spécifiques.
Nugent L, Campbell A, Burnett A. Rowing-related low back pain: A systematic review. Journal of Science and Medicine in Sport. 2019; 22(6):605-611.
Cette étude met en évidence l’incidence élevée de la lombalgie chez les rameurs et explore les mécanismes biomécaniques sous-jacents.
De Martino I, Rodeo S, O’Brien S. Gymnastics injuries: epidemiology and prevention strategies. Current Sports Medicine Reports. 2018; 17(8):260-266.
Un rapport détaillant les taux élevés de lombalgie chez les gymnastes et les stratégies de prévention.
Duarte J, Smith M, Oliveira C. Prevalence of Lower Back Pain and Risk Factors in Equestrians: A Systematic Review. Sports (Basel). 2023; 12(12):355.
Analyse approfondie des douleurs lombaires chez les cavaliers et les facteurs de risque associés.
Van Mechelen W. Running injuries: A review of epidemiology and risk factors. Sports Medicine. 2017; 47(4):641-649.
Cette étude examine la relation entre la course à pied et la lombalgie, en identifiant les facteurs de risque spécifiques.
Le Gall F, Carling C, Reilly T. Injuries in young elite soccer players: A prospective study over two seasons. Scandinavian Journal of Medicine & Science in Sports. 2018; 28(1):218-225.
Étude épidémiologique sur les blessures en football, y compris la lombalgie.
Fett D, Trompeter K, Platen P. Back pain in elite athletes: A systematic review. Journal of Sports Medicine and Physical Fitness. 2019; 59(4):567-576.
Analyse comparative des douleurs lombaires entre athlètes de haut niveau et amateurs.
Cumps E, Verhagen E, Meeusen R. Epidemiology of basketball injuries: A systematic review and meta-analysis. Sports Medicine. 2020; 50(6):1093-1106.
Étude abordant la faible prévalence de la lombalgie dans le basketball par rapport à d’autres sports.
Wanivenhaus F, Fox A, Chaudhury S. Swimming injuries: Overview and prevention. Sports Health. 2019; 11(5):338-345.
Revue des blessures chez les nageurs, montrant que la lombalgie y est relativement peu fréquente.
Wall M, Jacobs R, Allen C. Incidence, prevalence and risk factors for low back pain in adolescent athletes: a systematic review and meta-analysis. British Journal of Sports Medicine. 2022; 56(22):1299-1306.
Trompeter K, Fett D, Platen P. Prevalence of Back Pain in Elite Athletes. Deutsche Zeitschrift für Sportmedizin. 2018; 69(7-8):240-246.